
Beaucoup d'entrepreneurs et d'artistes à succès ont un trouble psychique. D'ailleurs, on dit qu'Hollywood est la ville des personnes bipolaires.
Clément Baissat, personne concernée
La question de savoir si une personne vivant avec un trouble psychique peut exercer n’importe quel métier touche à des enjeux complexes. Dans une société où l’accomplissement personnel et professionnel occupe une place centrale, l’idée de "pouvoir tout faire" représente une aspiration… mais aussi une pression. Pour ceux qui font face à des défis psychiques, cette question se pose encore plus intensément : comment trouver l’équilibre entre ses ambitions et ses limites personnelles ? Est-il réaliste de poursuivre toute carrière sans compromettre sa santé mentale ? Cet article explore cette question en examinant les opportunités, les contraintes et les aménagements possibles pour vivre pleinement son potentiel, sans mettre en péril son bien-être.
Évaluer les capacités et les besoins individuels
Avant de répondre à la question de savoir si une personne avec un trouble psychique peut "tout faire", il est important d’évaluer ses capacités et ses besoins spécifiques. En effet, chaque trouble psychique est unique, avec des manifestations, des symptômes et des degrés de sévérité variés. Certains troubles, comme les troubles anxieux ou les troubles de l’humeur, peuvent nécessiter des aménagements ponctuels, tandis que d’autres, comme la schizophrénie ou le trouble bipolaire, requièrent des adaptations plus régulières et un soutien prolongé.
Santé Publique France estime que 23 % des personnes reconnues en situation de handicap en France vivent avec un trouble psychique (source). Cela démontre l'importance de l'intégration professionnelle pour ces personnes, ainsi que l’enjeu d’aménager le travail de manière adaptée. Trouver un emploi en adéquation avec ses compétences et ses aspirations, tout en respectant ses contraintes personnelles, est essentiel pour évoluer sereinement.

Les métiers et environnements adaptés aux personnes vivant avec un trouble psychique
Certaines activités professionnelles sont plus adaptées que d’autres pour gérer la santé mentale. Les métiers offrant une certaine flexibilité, des horaires adaptés ou un environnement calme et sans pression excessive sont souvent bénéfiques pour les personnes vivant avec des troubles psychiques. Voici quelques exemples de milieux professionnels qui peuvent être plus adaptés :
- Travail en milieu protégé : Les Établissements et Services d’Aide par le Travail (ESAT) offrent un cadre aménagé pour les personnes en situation de handicap, avec un rythme adapté et des missions conçues pour préserver l’équilibre personnel. Pour en savoir plus, consultez ESAT sur Wikipédia.
- Travail autonome ou freelance : Travailler en indépendant peut offrir la liberté de fixer ses horaires et de choisir des missions selon son énergie et ses périodes de productivité. Cette autonomie peut permettre de gérer son emploi du temps en respectant ses besoins de repos et ses rythmes personnels.
- Environnements bienveillants et flexibles : Les entreprises inclusives, proposant des aménagements spécifiques, permettent aux employés de gérer leur travail en harmonie avec leur santé mentale. Certaines entreprises mettent en place des programmes de soutien, comme des séances de coaching, des consultations psychologiques et des ajustements de poste.
- Métiers créatifs ou artistiques : Pour certaines personnes, les métiers créatifs représentent un exutoire émotionnel et un espace d’expression. L’art, l’écriture ou la musique permettent de canaliser des émotions complexes tout en apportant une contribution unique et valorisée.
En combinant ces différents modes de travail, les personnes concernées peuvent explorer une diversité d’options professionnelles. Le défi majeur réside souvent dans la gestion du stress, la capacité à fixer des limites et la communication de ses besoins. Reconnaitre ses propres limites et exprimer ses besoins sont des étapes cruciales pour trouver le bon équilibre.
Les limites et les ajustements : Accepter ses contraintes pour avancer
Si l’idée de pouvoir "tout faire" est valorisée dans notre société, il est aussi important de reconnaître et d’accepter ses limites sans renoncer à ses ambitions. Vivre avec un trouble psychique impose parfois de réévaluer certaines aspirations et d’adapter son parcours professionnel en fonction de son bien-être.
Pour certains, cette adaptation peut signifier éviter des métiers à forte pression ou avec des horaires instables. Par exemple, des métiers dans la finance, les urgences médicales ou le travail de nuit peuvent ne pas convenir à ceux dont la santé se fragilise sous le stress intense ou la fatigue excessive. Selon l’Organisation mondiale de la santé, les environnements de travail très stressants augmentent les risques de rechute et de détérioration de la santé mentale pour les personnes vulnérables (source).
L’acceptation de ses contraintes peut devenir une force. Elle permet de mieux orienter son parcours vers des secteurs plus alignés avec son bien-être. Ce n’est pas un abandon, mais un choix de s’orienter vers une voie qui respecte son rythme et sa santé mentale.

Les aménagements professionnels pour un travail équilibré
Grâce à des dispositifs comme la RQTH (Reconnaissance de la Qualité de Travailleur Handicapé), il est possible d’obtenir des aménagements de poste qui facilitent le quotidien professionnel et permettent d’atteindre ses objectifs sans compromettre la santé mentale. Voici quelques aménagements souvent utiles :
- Horaires flexibles : Les horaires adaptables permettent aux personnes avec un trouble psychique de travailler aux moments où elles se sentent le mieux, un aménagement souvent accessible grâce à la RQTH.
- Télétravail : Le télétravail permet de travailler dans un environnement familier et apaisant. Pour éviter l’isolement, alterner avec des journées en espace de coworking peut être bénéfique.
- Pauses supplémentaires : Pouvoir prendre des pauses fréquentes aide à réguler son énergie et à maintenir la concentration.
- Accompagnement en entreprise : Les programmes d’aide aux employés (PAE) offrent des consultations psychologiques, du coaching, et des groupes de soutien pour favoriser un environnement de travail plus compréhensif.
- Sensibilisation des équipes : Sensibiliser les équipes et les managers aux troubles psychiques contribue à créer un environnement bienveillant. Des associations comme le Premiers Secours en Santé Mentale et l’UNAFAM offrent des formations pour aider les entreprises à mieux comprendre ces besoins.
Oui, on peut travailler, mais il est important de fixer des limites. On ne peut pas tout faire comme les autres ; il faut transformer notre bipolarité en une opportunité.
Clément Baissat, personne concernée
Un parcours professionnel unique, ajusté aux besoins de chacun
En définitive, la question de savoir si l’on peut "tout faire" avec un trouble psychique se résume à trouver un équilibre personnel entre ses forces et ses limitations. Il ne s’agit pas d’un choix binaire entre réussite et renoncement, mais de créer une trajectoire qui respecte son bien-être tout en répondant à ses aspirations.
Avec les aménagements appropriés, le soutien adéquat et une bonne connaissance de ses besoins, il est possible de se construire un parcours professionnel enrichissant. Les dispositifs comme la RQTH, les programmes d’aide aux employés et la sensibilisation accrue permettent aux personnes vivant avec un trouble psychique de concilier travail et santé. Chaque chemin est unique, et la clé est d’écouter ses besoins tout en recherchant un environnement professionnel bienveillant et respectueux.
Et vous, pensez-vous que l’on peut tout faire lorsque l’on a un trouble psychique ?